Pierre-Henri BLARDDirecteur de recherche CNRS au Centre de recherches pétrographiques et géochimiques à Nancy (CRPG)
Biographie
Pierre-Henri BLARD est directeur de recherche au Centre de Recherches Pétrographiques et Géochimiques à Nancy (CRPG)1 . Il développe des outils géochimiques pour mesurer le temps et les flux de matières dans diverses archives géologiques, comme les sédiments, les moraines et les carottes de glace. Il utilise en particulier les nucléides dits « cosmogéniques » (e.g. isotopes très rares qui sont produits sur Terre par les particules cosmiques) pour reconstruire les variations de volume de la cryosphère au cours du temps. Après avoir réalisé sa thèse au CEREGE (Aix-Marseille Université) en 2006, P.-H. Blard a effectué un Post-doctorat au Caltech (California Institute of Technology) de 2006 à 2008, avant de devenir chargé de recherches CNRS au CRPG en 2008, poste qu’il a occupé jusqu’en 2021. Responsable de deux projets « ANR jeunes chercheurs » successifs (Galac, 2011-2016, sur les paléoclimats des Andes) et EroMed (2017-2022, sur la paléo-érosion des massifs méditerranéens), il a été le lauréat du prix Suzanne Zivi de l’Académie de Stanislas en 2018. Depuis 2017, il est aussi chercheur associé au Laboratoire de glaciologie de l’université libre de Bruxelles, avec lequel il développe l’analyse de la zone de transition entre la glace « basale » et les roches sur lesquelles reposent les glaciers.
- 1Tutelles : CNRS / Univ. Lorraine
Projet Green2Ice (2023-2028) : le Groenland était-il vert ? Un nouveau regard à partir des carottes de glace basale, et au-delà…
Avec 2.85 millions de km3, et une épaisseur de plus de 2 km, la calotte du Groenland représente la deuxième plus grande masse de glace terrestre. Si elle venait à fondre totalement, le niveau marin monterait d’environ 7 mètres. Depuis 60 ans, les scientifiques ont réussi à collecter des carottes au sein de ces glaces groenlandaises, dont l’analyse a permis de reconstruire les variations des volumes de glace et les paléoclimats polaires au cours des derniers 130 000 ans. Cependant, le Groenland renferme encore de nombreux secrets, en particulier, on ne sait toujours pas quand cette île a été complètement englacée pour la première fois, ni comment son volume a varié au cours des périodes les plus chaudes du Quaternaire, depuis 2.6 millions d’années. A l’heure où la glace du Groenland fond de plus en plus vite sous l’effet du réchauffement anthropogénique (réchauffement climatique causé par l’action humaine), il est crucial de répondre à ces questions, pour mieux anticiper la future hausse du niveau marin. Le développement de nouvelles méthodes d’analyse (datation par luminescence, nucléides cosmogéniques, d40Ar et 81Kr) offre aujourd’hui l’espoir de répondre à ces problèmes, en décryptant les messages cachés dans les sections basales de ces carottes de glace, et des roches sur lesquelles la glace repose.
Le projet ERC Synergy Green2Ice (2023-2028) a ainsi pour objectif de reconstruire l’enfance de la calotte du Groenland depuis 2.6 millions d’années via l’analyse des fonds de carottes de glace et des sédiments sous-glaciaires avec les méthodes modernes. Par exemple, l’analyse des nucléides cosmogéniques 26Al et 10Be dans une roche sous glaciaire permet de déterminer quand et combien de temps celle-ci a été exposée à la surface dans le passé.
Collaboration
Le projet ERC Synergy Green2Ice associera dans une étroite collaboration le CRPG Nancy avec le NBI et le Laboratoire de glaciologie de l’ULB Bruxelles (PI François Fripiat). Pendant la durée du projet, 2 Post-doctorants et un doctorant seront recrutés au CRPG. Ils réaliseront leurs recherches dans les trois laboratoires.
- Niels Bohr Institute (NBI), University of Copenhagen, Denmark
Co-PIs : Dorthe Dahl-Jensen et Anders Svensson
- Laboratoire de glaciologie, Université libre de Bruxelles (UBL), Belgique
Co-PI : François Fripiat