Couplage ocean-atmosphère à fines-échelles : influence sur les tempêtes

Résultat scientifique Océan Atmosphère

Si le rôle des structures océaniques de moyenne-échelle des grands courants océaniques comme le Kuroshio dans l’intensification des tempêtes est bien établi, celui des fronts océaniques de sous-mésoéchelle (~10–20 km) restait largement méconnu. Une équipe franco-étatsunienne, menée par un chercheur du CNRS Terre & Univers a exploré cette question dans une étude publiée dans Communications Earth & Environment. 

Les tempêtes des moyennes latitudes sont influencées par des processus de convection humide dans l’atmosphère, générant nuages et précipitations. Les courants océaniques de bords ouest, comme le Gulf Stream et le Kuroshio, jouent un rôle essentiel dans l’apport d’humidité à l’atmosphère, renforçant ainsi l’activité convective et l’intensité des tempêtes. 

Bien que l’influence des structures océaniques de mésoéchelle (taille ~200 km) soit bien comprise, celle des petits fronts océaniques de sous-mésoéchelle (~10-20 km) reste méconnue en raison du manque de modèles numériques et de données expérimentales à haute résolution.

L’étude menée sur l’hiver 2020-2021 a permis de révéler l’impact important des fronts océaniques de sous-mésoéchelle sur les précipitations au sein des tempêtes hivernales et autres phénomènes météorologiques, tels que les rivières atmosphériques. 

Une simulation globale à fines échelles

L’équipe a utilisé une simulation globale couplant océan et atmosphère (COAS) à une résolution kilométrique, elle-même composée du modèle atmosphérique et terrestre du système d’observation de la Terre du Goddard (GEOS) couplé à une configuration océanique du modèle de circulation générale du MIT (MITgcm). Cette configuration permet d’analyser finement les interactions océan-atmosphère à des échelles spatiales très fines, notamment celles liées aux fronts océaniques de sous-mésoéchelle. 

L’équipe a ainsi pu étudier les tempêtes hivernales se développant au-dessus des fronts océaniques de sous-mésoéchelle présents dans l’extension du Kuroshio (Fig.1).

Tempête se développant au-dessus de l'extension du Kuroshio, un grand courant océanique comparable au Gulf Stream
Image d'une tempête se développant au-dessus de l'extension du Kuroshio, un grand courant océanique comparable au Gulf Stream. ©Félix Vivant

Ils ont notamment quantifié l’impact des différentes échelles océaniques et atmosphériques sur les flux de vapeur d’eau à l’interface air-mer (flux de chaleur latente, voir Fig. 1b), montrant que ces flux sont liés aux mouvements océaniques à mésoéchelle (~40 %) et sous-mésoéchelle (<10 %).

Vers une meilleure compréhension du cycle hydrologique

Les fortes variations de température à la surface de la mer, caractéristiques des fronts océaniques de sous-mésoéchelle (~5 °C par 10 km), génèrent une circulation atmosphérique secondaire s’étendant jusqu’à 4km d’altitude, renforçant les précipitations jusqu’à 14mm par jour dans le secteur chaud des tempêtes.

Cette étude démontre que les fronts océaniques de sous-mésoéchelle participent à pomper l’humidité et la chaleur de l’océan vers l’atmosphère, pouvant ainsi affecter l’intensification des tempêtes et d'autres phénomènes météorologiques, tels que les rivières atmosphériques.

Elle souligne l’importance de prendre en compte des échelles spatiales et temporelles fines pour mieux comprendre le rôle du système couplé océan-atmosphère dans le cycle hydrologique de la Terre.

Floraison de phytoplancton dans le courant du Kuroshio, à l'est du Japon. Cette image satellite MODIS montre des tourbillons et des fronts océaniques étroits, visibles sous forme de bandes de couleur verte entre les zones couvertes de nuages. ©NASA Ocean Color

Laboratoire CNRS impliqué

Laboratoire de météorologie dynamique (LMD- ECCE TERRA) Tutelles : CNRS / ENS-PSL / Ecole polytechnique / Sorbonne Université

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Contact

Félix Vivant
Doctorant ENS-PSL au Laboratoire météorologie dynamique (LMD-Ecce Terra)