Damien Desbruyères : une médaille de bronze pour l'étude des courants océaniques
Chargé de recherche IFREMER au LOPS (CNRS/IFREMER/IRD/Univ. Bretagne occidentale), Damien Desbruyères a reçu cette année la médaille de bronze du CNRS. Ses travaux traitent de la circulation et du stockage de chaleur dans d’immenses courants et tourbillons traversant la moitié nord de l’océan Atlantique.
Le rôle crucial de l’océan dans le climat est au cœur des préoccupations de Damien Desbruyères, chargé de recherche IFREMER au Laboratoire d’océanographie physique et spatiale (LOPS, CNRS/IFREMER/IRD/Univ. Bretagne occidentale). Il étudie la dynamique de l’océan Atlantique Nord et l’impact de ses grands courants dans le transport et le stockage de la chaleur.
Damien Desbruyères scrute tout particulièrement la circulation méridienne de retournement de l’Atlantique (AMOC). Il s'agit de la circulation de courants engendrée par des différences de densité de l'eau de mer, elles-mêmes dues à des écarts de salinité et de température. Ces différences sont modélisées par une équation différentielle incluant plusieurs variables. « Cette construction mathématique permet d’extraire une composante clé d’une circulation tridimensionnelle très complexe, explique le chercheur. L’AMOC transporte de l’eau chaude vers les régions subarctiques, où elles plongent vers les abysses en se refroidissant et reviennent vers l’Équateur par le fond. Ce transport massif de chaleur régule les températures océaniques à très grande échelle. »
Damien Desbruyères étudie son fonctionnement et ces changements afin de comprendre comment l’AMOC pourrait évoluer dans le futur. Il se focalise aussi ponctuellement sur les courants de certaines régions de l’Atlantique nord, comme le Groenland et Terre-Neuve. C’est en effet au niveau de Terre-Neuve que se reconcentrent deux immenses tourbillons formés par les courants océaniques, appelés gyres, et certaines branches de l’AMOC.
« Cette petite zone dicte des circulations et des changements à bien plus grande échelle, souligne Damien Desbruyères. C’est pourquoi nous devons comprendre sa dynamique et son fonctionnement. » Pour cela, il bénéficie de grands réseaux d’observation de l’océan, allant des mouillages en points fixes à des flotteurs autonomes dérivants, et prend également part à des expéditions scientifiques pour des mesures au large. Les données ainsi récoltées sont ensuite analysées et contextualisées à l’aide de modèles numériques.
Ces travaux alimentent ainsi la compréhension globale du climat et de son changement. « L’intérêt pour ces sujets m’est venu au fil du temps, précise Damien Desbruyères. J’ai commencé par étudier la physique, puis les questions environnementales et climatiques m’ont de plus en touché. Rejoindre le LOPS et l’Ifremer a été une véritable chance, permettant le travail collectif que cette médaille récompense. »