Kristel Chanard : une médaille de bronze pour ses travaux sur les déformations non tectoniques de la Terre

Prix et distinction Terre Solide

Chargée de recherche IGN à l’Institut de physique du globe de Paris1 , Kristel Chanard a reçu la médaille de bronze du CNRS. Ses travaux portent sur les déformations de notre planète induites par les masses d’eau, solides comme liquides, en surface comme en profondeur.

  • 1IPGP / CNRS / Université Paris Cité / Université de La Réunion / IGN

La Terre subit en permanence des déformations dont les séismes sont les manifestations les plus spectaculaires. Ce ne sont cependant pas les seuls. « Si beaucoup de chercheurs travaillent sur les grands tremblements de terre, je regarde plutôt les déformations de la surface de notre planète, associées aux mouvements de masse d’eau à sa surface et en profondeur : océans, glaciers, nappes phréatiques… », précise Kristel Chanard, chargée de recherche de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) à l’Institut Physique du Globe de Paris.

Si les forces en jeu sont moins grandes qu’avec les séismes, elles ne sont pas négligeables. Kristel Chanard observe ces mouvements, dépassant chacun rarement les quelques centimètres par an, à l’aide de données satellites et in situ, par exemple pour mesurer les redistributions des masses d’eau ou les déplacements de la terre solide associée, et modélise les processus physiques en jeu. Les masses d’eau en mouvement sont en effet suffisamment énormes pour modifier la forme de la Terre.

Passionnée de haute montagne, Kristel Chanard a d’abord pris l’Himalaya comme sujet d’étude. La région connaît en effet des phénomènes hydrologiques extrêmement puissants, en particulier dus à la mousson, qui ont un impact saisonnier sur la déformation de la Terre et certains petits séismes. Le poids de l’eau est tel sur la vallée du Gange qu’il ralentit les secousses, si bien que l’on y mesure deux fois moins de petits séismes l’été que l’hiver. Kristel Chanard a ensuite élargi son travail à des échelles plus globales, ainsi qu’à l’étude de la fonte des glaciers et calottes polaires ou de l’évolution des ressources en eau souterraine.

« Je m’étais pourtant d’abord orientée vers les observations spatiales, puis j’ai découvert les géosciences à l’ENS, raconte la chercheuse. J’ai tout de suite été captivée par cet ancrage plus direct avec le monde, d’autant que j’étais déjà fascinée par les montagnes et les sciences de l’atmosphère. Je me trouve à présent à cette interface entre la Terre et ses fluides, un sujet qui a l’avantage de pouvoir s’étudier en combinant toutes sortes de méthodes et données, en travaillant aussi bien en laboratoire que sur le terrain. »