Le déficit en sédiment du Rhône favorise l’érosion du plateau continental par les tempêtes

Une étude réalisée par un groupe de chercheurs issus de 7 laboratoires français et espagnols, dont des certains CNRS-INSU (voir encadré), et menée par des chercheurs du LEGOS a utilisé la modélisation numérique pour comprendre la variabilité spatiale et temporelle du transport sédimentaire (c'est-à-dire le dépôt, l'érosion et l'export vers les grandes profondeurs) dans le Golfe du Lion, depuis l’embouchure du Rhône, principal vecteur de sédiment, jusqu’à 2000 m de profondeur.

L’équipe a simulé des dépôts et remaniements sédimentaires dans le Golfe du Lion durant 2 années différenciées par leurs conditions météorologiques durant la période automne / hiver : la première caractérisée par des tempêtes du large et des fortes houles, la seconde par de nombreux coups de Mistral et Tramontane spécialement froids et secs.

Le modèle reproduit les grandes caractéristiques de la zone : le stockage massif des apports du Rhône devant son embouchure et le dépôt de sédiment fin sur la vasière médiane située à 60 m de profondeur sur toute l’étendue du Golfe du Lion

Une forte variabilité interannuelle de cette dynamique spatiale est mise en évidence en lien avec la fréquence des tempêtes du large et des formations d’eau dense en hiver. Les résultats obtenus suggèrent également un déficit sédimentaire de la zone située entre 0 et 40 m de profondeur induit par la réduction des apports fluviaux liés aux aménagements du fleuve et des bassins versants. Joint aux effets du changement climatique sur la fréquence des tempêtes, des crues et des formations d’eau dense, des bouleversements de la dynamique sédimentaire pourraient advenir avec par exemple le relargage de contaminants plus anciens jusque-là enfouis dans le sédiment.