Le prix « Astrophysique de Laboratoire » attribué à Evelyne Roueff
La division « Astrophysique de Laboratoire » (LAD) de la Société Américaine d’Astronomie (AAS) a attribué son prix 2022 à Evelyne Roueff de l’Observatoire de Paris (LERMA). Ce prix est attribué en reconnaissance d’une carrière exceptionnelle consacrée à l’étude théorique de la spectroscopie et des propriétés collisionnelles de molécules dans un environnement astrophysique.
Le prix d’Astrophysique de Laboratoire est le prix le plus prestigieux de la division LAD. il est attribué à une personne ayant eu une contribution significative à l’astrophysique de laboratoire durant une longue période de temps. Depuis 50 ans, Evelyne Roueff fait partie des figures marquantes en astrophysique de laboratoire et en simulations numériques de l’astrophysique moléculaire. Ses travaux ont permis l’interprétation de nombreux spectres moléculaires en astrophysiques et la découverte de nouvelles molécules. Elle a collaboré activement avec de nombreux expérimentateurs/trices et observateurs/trices afin de garantir la qualité et la pertinence de ses travaux. E. Roueff a aussi été directement impliquée dans le développement de modèles d’astrochimie fondés largement sur la base de ses travaux théoriques.
Les travaux de E. Roueff sur l’hydrogène moléculaire, la molécule la plus abondante de l’Univers, offrent de magnifiques exemples de ces interactions multidisciplinaires. Elle s’est impliquée dans l’interprétation de spectres d’émission dans l’ultraviolet du vide — à très courtes longueurs d’onde — obtenus au spectrographe de 10 m de l’Observatoire de Meudon dans les années 1990 et elle a calculé les taux d’excitation collisionnelle permettant d’interpréter ces spectres. Les spectres théoriques calculés reproduisent remarquablement les observations et les données correspondantes sont utilisées dans les modèles physico-chimiques de l’équipe de Meudon. Ces travaux ont de nombreuses applications importantes, allant de l’interprétation d’observations de nébuleuses proches jusqu'aux spectres d’absorption d’objets extrêmes comme les quasars ou certaines naines blanches et allant jusqu’à donner des contraintes fortes sur des constantes physiques fondamentales comme le rapport de masse électron-proton.
Plus récemment, les recherches de E. Roueff se sont focalisées sur l’interprétation d’observations du milieu interstellaire obtenues avec l’Observatoire Spatial Herschel, le radio-télescope de 30m de l’IRAM ou le réseau sub-millimérique ALMA (Atacama large Millimeter Array). Elle s’est intéressée en particulier aux mécanismes physiques et chimiques permettant d’expliquer les rapport isotopiques de molécules contenant du deutérium, du carbone 13 ou de l’azote 15. Elle s’est également investie fortement dans le développement de l’astrophysique de laboratoire en France, à travers l’Europe et dans le monde en général. Elle a eu un rôle pivot dans la mise en place et la coordination des programme PCMI de l’INSU, des réseaux européens « Astrochemistry » (1998-2002) et « The Molecular Universe » (2004-2008) et elle continue à s’impliquer dans d’autres initiatives européennes, y compris dans le développement de bases de données de physique atomique et moléculaire.
Evelyne Roueff a partagé le prix Deslandres de l’Académie des Sciences avec le Pr Guillaume Pineau des Forêts en 1999.