À la recherche du mécanisme expliquant la mort des galaxies massives
La façon dont les galaxies cessent de former des étoiles, ou “meurent”, est encore un sujet d’intenses recherches. On a longtemps pensé que les principaux responsables seraient des vents, dus par exemple à des explosions d’étoiles ou à un noyau actif (ou trou noir supermassif), qui éjecteraient le gaz de la galaxie, privant ainsi le mécanisme de formation d’étoiles de son combustible.
Cette nouvelle étude présente le cas extrême d’une galaxie lointaine éjectant 46 % de son gaz à un rythme effarant de 10 000 masses solaires par an. À ce rythme, cette galaxie aura consommé tout son gaz dans moins de 40 millions d’années, c’est à dire qu'elle est sur le point de mourir. Le gaz éjecté a été détecté dans sa phase moléculaire froide grâce à l’interféromètre ALMA (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array) et ionisée par le télescope Keck (Hawaï). Les observations montrent que ce taux d’éjection très élevé n’est pas dû à des vents galactiques, mais plutôt à une queue de marée, structure habituellement diffuse qui se forme lors de la collision entre deux galaxies. Les statistiques associées à ces mesures montrent que ce type de phénomène gravitationnel pourrait être un acteur majeur de la mort d’une fraction importante des galaxies mortes observées. Enfin, la découverte de cette galaxie nous invite à repenser certaines analyses présentes dans la littérature, pour lesquelles le rôle des vents galactiques dans la mort des galaxies aurait pu être surestimé.
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A titanic interstellar medium ejection from a massive starburst galaxy at redshift 1.4 – Nature Astronomy 2021
Annagrazia Puglisi, Emanuele Daddi, Marcella Brusa, Frederic Bournaud, Jeremy Fensch et al.