Le puy de Dôme se trouve dans le Massif central, à une quinzaine de kilomètres de Clermont-Ferrand © Clément Beckert

Voyage au centre du puy de Dôme

Résultat scientifique Terre Solide

Une des difficultés principales en sciences de la Terre est qu'on ne voit pas ce qu’il y a sous nos pieds. Il est toutefois nécessaire d’imager le sous-sol pour pouvoir estimer plus précisément les aléas volcaniques. En effet, la localisation des variations de propriétés mécaniques permet d'anticiper des phénomènes tels que les glissements de flancs ou les effondrements de dômes. Ces phénomènes peuvent être associés à toute une cascade d'événements, comme des nuées ardentes, des coulées de boues (appelées lahars), ou des tsunamis quand les volcans sont en domaine aquatique.

Notre connaissance des structures souterraines repose sur l'imagerie géophysique. À partir des mesures faites à la surface d'un objet géologique, des traitements numériques permettent de reconstituer sa structure interne. Néanmoins, ces images sont imprécises et peuvent être biaisées.  Pour pallier cet inconvénient, on combine différents types de mesures qui apportent un éclairage différent du même objet. C'est ce que deux laboratoires ont testé sur le puy de Dôme. Dans le cadre du Laboratoire d'Excellence ClerVolc, les équipes ont acquis des mesures de gravimétrie et effectué des comptages de muons (muographie) afin d’obtenir des images complémentaires des densités des roches qui constituent le volcan. La gravimétrie mesure les variations de l'attraction gravitationnelle, qui dépendent des densités du sous-sol et donc de la répartition des masses en profondeur. Les muons sont des particules élémentaires générées dans l'atmosphère et dont la capacité à traverser un édifice dépend des densités des roches rencontrées.

Traiter ces données conjointement n'est pas chose aisée car l’image finale dépend toujours des traitements numériques appliqués. Mais une équipe franco-canadienne a réussi à mettre au point une méthode automatique fiable d'analyse conjointe des données de gravimétrie et de muographie. Cette méthode a permis d'imager le puy de Dôme, qui s’est révélé être l'archétype d'un dôme de lave : un cœur dense entouré d’une enveloppe moins dense liée aux éboulements qui ont accompagné sa mise en place. Les densités obtenues montrent que l'édifice est très poreux et perméable aux eaux de pluie.

Les mesures de gravimétrie (masses/ressorts en rouge : plus la gravité locale est importante, plus le ressort est allongé) et les comptages de muons (en jaune) sont combinés pour obtenir une image plus précise de l'intérieur des édifices volcaniques plus précise de l'intérieur des édifices volcaniques © Cécile Savy, E.A.V.U.C.

En savoir plus

Robust Bayesian joint inversion of gravimetric and muographic data for the density imaging of the Puy de Dôme volcano (France) – Frontiers in Earth Science

Anne Barnoud, Valérie Cayol, Peter G. Lelièvre, Angélie Portal, Philippe Labazuy, Pierre Boivin and Lydie Gailler

https://doi.org/10.3389/feart.2020.575842

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