Images satellites avant / après du village de Chungthang, Sikkim et du barrage hydroélectrique Teesta III, montrant la destruction de la centrale et les dégâts subis par le village. © Airbus DS 2018

Vidange d’un lac glaciaire : inondation catastrophique du Sikkim (Inde) en 2023

Résultat scientifique Surfaces continentales

Dans la nuit du 3 au 4 octobre 2023, des milliers de personnes vivant le long de la rivière Teesta au Sikkim et au Bengale occidental, en Inde, ont dû évacuer en urgence leurs maisons alors qu'une déferlante d'eau et de débris dévalait la rivière. Il s'agissait d'une inondation par débordement de lac glaciaire (GLOF), l'un des risques les plus redoutés en Himalaya. Au final, l'inondation a fait près de 130 morts ou disparus et a endommagé près de 26000 bâtiments, 31 ponts importants, 18,5 km de routes et cinq barrages hydroélectriques.  

Une équipe internationale pluridisciplinaire comprenant des scientifiques du CNRS Terre & Univers (voir encadré), s’est constituée pour élucider les causes, la dynamique et les impacts de cette inondation dévastatrice.

L’inondation nait au lac South Lhonak, un grand lac pro-glaciaire situé dans une région isolée de l'Himalaya. Le 3 octobre à 22h12 (heure locale), un pan entier de moraine glaciaire sur la rive nord du lac s'est détaché. Cette masse de sédiments et de glace, mesurant 900 m de long et 88 m de large, s'est effondrée dans le lac, créant un tsunami d'environ 20 m de haut. Cette vague a éventré le barrage qui endiguait le lac libérant environ 50 millions de m3 d'eau, l’équivalent de 20 000 piscines olympiques. Cette série d'événements peut être liée au recul du glacier South Lhonak et au réchauffement du pergélisol en réponse à l'augmentation des températures dans la région. 

En descendant la rivière Teesta, la crue a emporté d'énormes quantités de roches et de terre provenant du lit et des rives de la rivière. En de nombreux endroits, cette érosion a provoqué l'effondrement des pentes au-dessus de la rivière. 45 glissements de terrain ont été provoqués par l'inondation et environ 270 millions de m3 de matériau ont été ajoutés aux eaux de crue, augmentant ainsi le volume de l'inondation d’un facteur 5. Cette matière a joué un rôle clé dans les dommages causés par les inondations, car de nombreux villages touchés en aval ont été ensevelis sous des mètres de sable et de gravier. Près de la moitié des bâtiments endommagés par l'inondation avaient été construits au cours des dix dernières années, ce qui illustre la façon dont l’urbanisation des zones à risque peut contribuer aux catastrophes. 

L'équipe a pu obtenir très rapidement après l'inondation des images à haute résolution de la zone touchée, prises par les satellites Pléiades (CNES/Airbus DS). Ces paires stéréoscopiques ont permis de créer des modèles 3D très détaillés du terrain dans une grande partie de la région touchée par les inondations. Des images antérieures à l'inondation étaient également disponibles, grâce au programme Dinamis1 , ce qui a permis de créer aussi des modèles 3D détaillés avant la catastrophe. Les cartes de changement qui en résultent donnent une vision très détaillée de l'érosion et du dépôt de sédiments à la suite d'un événement GLOF majeur et indiquent qu’en quelques jours seulement, c’est l’équivalent de 9 cm d’érosion de ce bassin versant himalayen. 

Des milliers de lacs glaciaires existent en Himalaya et les inondations par GLOF sont susceptibles de constituer un risque croissant à mesure que les glaciers continuent de reculer et que le réchauffement du pergélisol s'accentue.

  • 1 Dispositif Institutionnel National d’Accès Mutualisé en Imagerie Satellitaire

Tsunami en Himalaya : vidange d'un lac glaciaire

Dans la nuit du 3 au 4 octobre 2023, des milliers de personnes vivant le long de la rivière Teesta en Inde ont dû être évacuées en urgence car une déferlante d'eau et de débris dévalait la rivière dans leur direction. 

Comment expliquer cette crue qui tire son origine d'un 𝐭𝐬𝐮𝐧𝐚𝐦𝐢 au niveau d'un 𝐥𝐚𝐜 𝐠𝐥𝐚𝐜𝐢𝐚𝐢𝐫𝐞 ? Comment éviter que d'autres catastrophes de ce type se produisent ? 

𝐊𝐫𝐢𝐬𝐭𝐞𝐧 𝐂𝐨𝐨𝐤 a fait partie d'une équipe internationale chargée de mener l'enquête pour comprendre les causes de cette catastrophe. Kristen est chercheure IRD à l'Institut des sciences de la Terre (ISTerre), l'un des laboratoires de l'Observatoire des sciences de l'Univers de Grenoble (OSUG).

Audiodescription

Laboratoires CNRS impliqués

  • Institut des sciences de la Terre (ISTERRE- OSUG)

    Tutelles : CNRS / IRD / UGA / Univ. Savoie Mont-Blanc / Univ. Gustave Eiffel

     

  • Laboratoire d'Etudes en Géophysique et Océanographie Spatiales (LEGOS - OMP) 

    Tutelles : CNES / CNRS / IRD / Univ. Toulouse Paul Sabatier

     

  • Centre d’études spatiales de la biosphère (CESBIO - OMP)

    Tutelles : Université Toulouse III - Paul Sabatier / CNRS / IRD / CNES

 

Pour en savoir plus

Contact

Ashim Sattar
Institute of Technology Bhubaneswar, Odisha, India.
Kristen Cook
Chercheuse IRD à l'Institut des sciences de la Terre (ISTERRE-OSUG)
Etienne Berthier
Chercheur CNRS au Laboratoire d'Etudes en Géophysique et Océanographie Spatiales
Simon Gascoin
Chercheur CNRS au Centre d'études spatiales de la biosphère (CESBIO-OMP)