Une Étoile de l’Europe pour Jean-François Doussin
Ce mardi 6 décembre se tenait la cérémonie des Étoiles de l’Europe qui récompense les coordinateurs de projets de recherche collaboratifs européens. Jean-François Doussin, directeur adjoint scientifique Océan-Atmosphère à l’Institut National des Sciences de l’Univers du CNRS (INSU) a reçu une étoile pour son projet Eurochamp.
Eurochamp pour la compréhension de l’impact de la pression atmosphérique sur le climat, la santé et le patrimoine
Le projet Eurochamp-2020 a réuni un consortium de 14 partenaires européens coordonné par le CNRS pour un budget de 9 millions d’euros. Ce projet européen d’infrastructures en science de l’environnement a visé à mettre en réseau les chambres de simulation atmosphérique Européennes1 : des outils rares et lourds qui servent à reproduire des atmosphères synthétiques pour étudier la transformation des polluants dans l’atmosphère. « L’objectif est de comprendre comment les polluants réagissent entre eux sous de la lumière solaire, de la présence d’autre polluants, de nuages, d’aérosols, etc… C’est une chimie très complexe qu’il faut modéliser pour prévoir les évènements de pollution, comme par exemple un pic d’ozone ou un évènement de particules fines ». Une vingtaine d’installations en Europe, se chiffrant à plusieurs millions d’euros chacune, permettent d’étudier aussi bien la compréhension de la pollution aux particules fines, que l’impact de la pollution atmosphérique sur le climat, la santé ou encore le patrimoine. « Si cette science est née aux Etats-Unis, l’Europe aujourd’hui en est leader grâce à des initiatives telles que Eurochamp. »
Le projet européen s’est construit sur trois piliers. D’abord favoriser le réseautage pour le partage de connaissances et établir de bonnes pratiques entre experts. Également, « préparer l’avenir » grâce une recherche méthodologique sur l’adaptation des protocoles et des outils analytiques aux questionnements scientifiques émergeants. Et enfin, l’ouverture des installations aux utilisateurs extérieurs afin de favoriser l’accès des scientifiques non spécialistes de la simulation expérimentale aux chambres de simulation les plus avancées et les plus adaptées à leur recherche. « 50 % du budget d’Eurochamp a été dédié à cette ouverture nécessairement transnationale pour construire le paysage scientifique européen. Les scientifiques accueillis étaient donc financés pour leur voyage et leurs expériences sur les installations. » Un projet qui a su intéresser les industriels pour l’évaluation de l’impact environnemental de leurs productions, pour le développement d’instrumentations de suivi de la pollution de l’air, ou encore avec l’émergence du marché des capteurs personnels, ou pour connaitre l’impact environnemental d’un produit - comme par exemple un pesticide ou une technologie automobile ou un carburant. « Ces questions ont fortement connecté Eurochamp au secteur industriel qui comptait plus d’une quinzaine de partenaires et d’utilisateurs privés. » Si Eurochamp s’est terminé en 2022, les partenaires prépare dans le cadre de la feuille de route ESFRI2 la fondation d’une infrastructures distribuées pérenne. « Dès le début du projet, nous nous sommes rapprochés de l’infrastructure ACTRIS3 qui fédère les sites atmosphères d’observation du climat. Aujourd’hui, nous avons fusionné et allons créer une organisation internationale– ACTRIS ERIC - qui continuera les actions d’Eurochamp. »
- 1Installations au sein desquelles sont reproduites de manière contrôlé les conditions atmosphériques pour reproduire la transformation des polluants dans l’atmosphère et en étudier les déterminants et leurs impacts.
- 2Le Forum stratégique européen sur les infrastructures de recherche, ou ESFRI, est une démarche stratégique dont l’objectif est de soutenir une approche cohérente dans l'élaboration d’une politique d’équipement en infrastructures de recherche de classe mondiale qu’aucun pays-membres ne serait en mesure de financer tout seul.
- 3ACTRIS est une infrastructure de recherche européenne distribuée, en support des recherches sur le climat et la qualité de l’air. Elle permet d’améliorer la compréhension de l’évolution des processus et de la composition atmosphériques en coordonnant les services nationaux d’observations atmosphériques.