Un nouveau modèle de gisement de cobalt et nickel au fond des océans

Située dans les terrains précambriens de l’Anti-Atlas au Maroc, la mine de Bou Azzer est le seul gisement de cobalt primaire connu au monde. La présence de roches mantelliques à cet endroit a longtemps laissé penser que la formation de ce gisement unique avait été initiée par un phénomène d’obduction résultant d’une collision entre les plaques océaniques et continentales.

Une équipe de recherche de Géosciences Montpellier, de l’Université de Genève et du BRGM propose un nouveau modèle pour la formation de ce type de gisement, remettant en question la théorie de l’obduction communément acceptée. Ce modèle théorique, le SHMA (Serpentine-Hosted Massive Arsenide deposit type), est le fruit de l’étude, plusieurs mois durant, d’une vingtaine de sites d’exploitation de la mine de Bou Azzer. Les scientifiques ont réalisé des observations géologiques et structurales sur le terrain ainsi que des analyses minéralogiques et géochimiques quantitatives en laboratoire. Pour mener à bien cette recherche, ils ont bénéficié du soutien financier de l’INSU et du programme TELLUS, ainsi que du soutien logistique de la société MANAGEM.

Leur travail a démontré que les minéralisations principales se développaient préférentiellement dans les anciens corps de brèches tectoniques situés entre des serpentinites et des intrusions magmatiques (diorites quartziques). Cette configuration témoigne de l’existence d’anciennes failles normales ayant participé à l’exhumation de roches mantelliques profondes au fond d‘anciens océans de petite taille. Le contact entre l’eau de mer et les corps magmatiques entraîne des réactions hydrothermales à l’origine de transformations minéralogiques menant à la formation du cobalt mais aussi du nickel. Ce nouveau modèle devrait contribuer à la découverte d’autres gisements de cobalt et de nickel dans les domaines océaniques actuels et passés.