Tempête Alex : un événement hors norme pour l’étude des crues extrêmes
La tempête Alex, qui a touché le 2 octobre 2020 les vallées de la Roya, la Tinée, et la Vésubie dans les Alpes-Maritimes, reste dans tous les esprits. Cet événement s’avère remarquable à plusieurs titres, comme par exemple les cumuls de pluie enregistrés, qui ont dépassé localement les 600 mm en 24h, ainsi que l’importance des crues et des mouvements sédimentaires associés, qui ont occasionné de très importantes destructions dans les vallées touchées.
Cet événement va constituer une référence importante pour l’étude des risques naturels d’origine hydrométéorologique et hydromorphologique, ainsi que celle de leur évolution dans un contexte de changement climatique. Sous la coordination de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) des Alpes Maritimes, les différents services et opérateurs de l’état se sont largement mobilisés, pour documenter au mieux cet événement : des relevés orthophotographiques et lidar ont par exemple été effectués juste après l’événement par l’Institut national de l'information géographique et forestière (IGN), et une réanalyse des précipitations a été produite par Météo France en combinant l’ensemble des relevés pluviométriques disponibles et les enregistrements des radars météorologiques.
La communauté scientifique apporte également une contribution importante à cet effort de recueil de données sur l’événement. Dans le cadre du programme de recherche HyMeX de MISTRALS, plusieurs équipes se sont par exemple mobilisées pour réaliser les relevés de terrain nécessaires à une meilleure connaissance des débits atteints sur les différents cours d’eau touchés par l’événement. Les informations recueillies combinent niveaux d’eau (laisses de crue), sections d’écoulement, pentes des lits et des lignes d’eau, ainsi que des témoignages de riverains. Dans la mesure du possible, des photos et vidéos prises lors de la crue sont également collectées auprès des témoins. Ces différents indices permettent de fournir des évaluations des débits de pointe atteints par les différents cours d’eau. Grâce à cette mobilisation, des valeurs estimées des débits seront prochainement disponibles en plusieurs dizaines de points, permettant d’avoir une vision détaillée des contributions des différents cours d’eau amont à la formation des crues.
Ces jeux de données vont contribuer à la meilleure compréhension de la genèse de l’événement, sur les différents aspects relatifs par exemple à la relation pluie-débit (formation des crues), et au transport des sédiments. Ils permettront également de mettre en relation cet événement avec ceux observés ces dernières années, ainsi qu’avec les événements futurs.
La campagne réalisée suite à la tempête Alex vient clore 10 ans de relevés systématiques du même type, organisés dans le cadre d’HyMeX, après chaque crue majeure ayant touché l’arc Méditerranéen Français. Au total, ce sont plus de 250 estimations de débits qui ont été obtenues, pour douze événements différents. Si l’intensification des crues extrêmes en secteur Méditerranéen reste à ce jour discutée compte tenu de l’augmentation conjointe des pluies extrêmes et de l’évapotranspiration (assèchement des sols), les données recueillies constituent désormais une bonne base pour étudier ces évolutions.
#Mediterranée : A explorer aussi ...
Au sein du programme MISTRALS, plus de 1000 scientifiques de 23 pays ont étudié l’environnement et les changements globaux dans et autour de la mer Méditerranée, et publié plus de 1500 articles scientifiques. Coordonné par le CNRS, Mistrals est un programme commun entre l’Ademe, le CEA, l’Ifremer, INRAE, l’IRD et Météo-France. Retrouvez ici d'autres articles illustrant de ce grand programme. Lancé le 10 mars 2010, le programme de recherche Mistrals est arrivé à son terme. Retrouvez ici quelques articles illustrant ce grand programme.
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