Les tourbillons océaniques influencent la trajectoire du panache de l’Amazone

Chaque seconde, le fleuve Amazone déverse 200 000m³ d’eau douce dans l’Océan Atlantique tropical, ce qui correspond à 20% des apports en eau douce mondiaux. Après avoir atteint l’Océan Atlantique au niveau de l’équateur, ce panache d’eau douce s’étend sur plus de 1.6 million de km² soit plus de trois fois la superficie de la France. Il apporte beaucoup de nutriments nécessaires au développement de la vie marine, et crée un fort puits de carbone local. Pendant l’été, les courants marins entrainent le panache vers l’Afrique, à l’Est. Cependant, en naviguant dans l’Océan Atlantique tropical nord en août-septembre 2021, le voilier Tara a observé une partie du panache de l’Amazone vers les Caraïbes, au nord. Où va donc le panache de l’Amazone en fin d’été ?

Les données récoltées à bord de Tara et les données satellitaires de salinité de surface, couleur de l’eau, courants et vents, apportent une compréhension plus détaillée des chemins empruntés par le panache. Les anneaux du Brésil, gros tourbillons de plus de 200 km de diamètre, fractionnent le panache en de plus petits morceaux et les entrainent en dehors des courants principaux. La salinité du panache est très faible (inférieure à 33 g.kg^-1), ces morceaux sont donc peu profonds (15-30m) et protégés des eaux plus salées par une forte stratification. Ils peuvent donc être facilement transporté par les vents1  dominants de la région, allant vers le nord et les Caraïbes.

Les résultats montrent une nouvelle trajectoire vers le Nord pour le panache de l’Amazone en fin d’été, en complément de celle vers l’Est créée par les courants géostrophiques. Les eaux douces et stratifiées influent sur les échanges air-mer et sur l’intensité des cyclones tropicaux. Des scientifiques du CNRS Terre & Univers (voir encadré), démontrent ici l’apport direct d’eau douce en pleine saison cyclonique vers les Caraïbes, une zone souvent traversée et impactée par les cyclones tropicaux.

• 1Transport d’Ekman