Vue aérienne du fleuve côtier Aber-Ildut, près du village de Lanildut dans le Finistère. L’Aber-Ildut est le plus méridional des abers et débouche dans la mer Celtique face à l'île d'Ouessant.© Stephane Lesbats / Ifremer CC-BY

Les surfaces et interfaces continentales à l’horizon 2028

Institutionnel Surfaces continentales

L’Institut national des sciences de l’Univers (INSU) publie son rapport de prospective du domaine des surfaces et interfaces continentales (SIC) pour les années 2024-2028. Le rapport a été rédigé sous la direction de Sophie Ayrault, directrice adjointe scientifique du domaine, Gilles Pinay directeur adjoint scientifique "Écologie fonctionnelle" du CNRS Écologie & Environnement et Éric Ferrage, président de la commission spécialisée SIC.

Des profondeurs terrestres, à l’atmosphère en passant par les océans, les recherches réalisées par la communauté SIC concernent l’impact des activités humaines sur notre environnement, climat compris, et en retour, l’impact des changements globaux (changement climatique, urbanisation, pollution, etc.) sur l’habitabilité de la Terre. Il s’agit d’observer, comprendre, modéliser et mesurer ces impacts et aussi de discuter des actions d'atténuation et d'adaptation avec les « porteurs d’enjeux » (collectivités territoriales, citoyens, associations, industriels, agences de réglementation environnementale, etc.). 

Retour sur la production de la prospective avec Eric Ferrage et Sophie Ayrault. 

Pourquoi réaliser cet exercice de prospectives est-il important ? 

Éric Ferrage : L’exercice de prospective représente un moment important de réflexion pour la communauté scientifique. Il s’agit d’imaginer et de se projeter sur les défis scientifiques de demain et formaliser des recommandations en termes de besoins afin de répondre à ces objectifs. 

Sophie Ayrault : Nos travaux mobilisant beaucoup de disciplines et d’organismes de recherche, c’est un moment unique pour construire ensemble les sujets que nous aborderons et la façon dont nous allons travailler ensemble pour relever ces défis.

 

Qui a réalisé cette prospective ? 

E.F. : Ce travail de prospective a été piloté par la commission spécialisée SIC et a été réalisé en plusieurs étapes. Une large consultation de la communauté a tout d’abord permis de recueillir 95 contributions impliquant près de 250 chercheuses et chercheurs de 95 unités du CNRS et de ses partenaires (Universités, Ifremer, INRAe, CEA, IRD, BRGM, MNHM, etc.) travaillant sur les surfaces continentales. Ces contributions ont été distribuées dans 9 ateliers, qui ont décidé de leur méthode de travail jusqu’au colloque de prospective à Saint-Malo du 5 au 7 février 2024. Le colloque a réuni près de 160 personnes et a permis de compléter le travail réalisé en ateliers. 

S.A. : Le colloque a mis l’accent sur l’intégration des conclusions des différents ateliers pour interroger des questions concernant tous les défis, telles que le changement d’échelle, notre responsabilité environnementale ou notre lien avec la société. L’ensemble de ces réflexions s’est concrétisé par l’écriture du rapport de prospective. Rappelons que cet exercice est aussi l’occasion de faire le bilan des prospectives précédentes, élaborées en 2017. Ce bilan sert de socle à notre réflexion tant sur les questions scientifiques que sur les outils mis en œuvre (programme national EC2CO, PEPR, infrastructures de recherches, etc).

 

"Cet exercice de prospective est un moment intense, qui mobilise pendant quelques mois une partie du temps des scientifiques. Dans un monde où tout va si vite, où les urgences se succèdent, il est important de prendre ce temps pour assurer que nos travaux fondamentaux ou plus appliqués éclairent de façon efficiente la connaissance de notre environnement." - Sophie Ayrault 

 

À qui et comment vont servir ces prospectives ? 

E.F. : Le rapport de prospective représente un instantané des réflexions de la communauté scientifique vis à vis des challenges scientifiques à venir. Le document et les recommandations qui y sont dressés servent à faire évoluer la structure (moyens RH et financiers, développement des nouveaux métiers) afin qu’elle soit toujours en capacité de s’adapter à l’évolution de la recherche scientifique et d’accompagner la communauté. Enfin, le rapport représente aussi un cadre pour les futures générations de chercheuses et chercheurs voulant candidater au CNRS et souhaitant positionner leur projet de recherche au regard des défis identifiés par la communauté. 

S.A. : C’est aussi un outil de communication avec nos tutelles, pour présenter comment nos travaux éclairent les choix sociétaux qui devront être faits pour s’adapter et atténuer les effets des changements globaux. 

 

Vous avez fait un bilan des précédentes prospectives. Qu’est-ce que vous espérez pour 2028 vis-à-vis des SIC ? 

E.F. : Dresser le bilan des prospectives précédentes est toujours un exercice intéressant qui montre les progrès réalisés par la communauté dans le domaine. Le temps scientifique est souvent considéré comme un temps « long » mais tout exercice de prospective n’est pas à l’abri de l’émergence rapide de nouvelles technologies ou bien de nouvelles questions qui viennent bouleverser la trajectoire préalablement imaginée. Par exemple, l’arrivée de l’intelligence artificielle, le questionnement sur la pratique de la recherche en termes d’impacts sociétaux ou de responsabilité environnementale étaient peu traités dans le rapport précédent. Pour 2028, nous espérons que les nouvelles idées et trajectoires imaginées dans ce rapport se seront concrétisées même si de nouvelles questions seront probablement apparues d’ici là. 

S.A. : Nous espérons que les outils que nous avons construits ensemble serviront bien les défis qui nous attendent en rendant nos équipes capables de s’adapter face aux changements qui ne manqueront pas de se produire.

Rapport de prospective SIC 2024-2028

La prospective est disponible au téléchargement ici