Les satellites Starlink : Menace pour les observations astronomiques

Résultat scientifique Univers

Les observations du radiotélescope LOFAR (Low Frequency Array) avaient montré l’an dernier que les satellites Starlink de première génération émettent des signaux radio non intentionnels (UEMR : unintended electromagnetic radiation) qui peuvent nuire aux observations astronomiques.

Une nouvelle étude, dans laquelle sont impliqués des scientifiques du CNRS Terre & Univers (voir encadré), exploitant LOFAR1  constate que la deuxième génération « V2 mini » de Starlink émet jusqu’à 32 fois plus, et dans une plus large gamme de fréquences, que la première génération. Elle menace ainsi d’aveugler les radiotélescopes et d’interdire des recherches vitales pour notre connaissance de l’Univers. 

Les UEMR de Starlink sont 10 millions de fois plus intenses que les sources les plus faibles observables par LOFAR. Elles excèdent les niveaux recommandés par l’Union Internationale des Télécommunications dans la bande de 150.5 à 153 MHz allouée à la radioastronomie, et même potentiellement les standards habituels de compatibilité électromagnétique utilisés pour les équipements électroniques commerciaux. La menace s’aggrave avec le lancement par Starlink de 40 satellites V2 mini par semaine, et le développement de nombreuses autres constellations de satellites en orbite basse. 

LOFAR est le plus grand télescope mondial observant aux basses fréquences radio. Il est composé de 52 stations, centrées aux Pays-Bas mais réparties à travers l’Europe, dont une station à l’Observatoire Radioastronomique de Nançay (ORN). À l’ORN, la station LOFAR est complétée par le radiotélescope NenuFAR, qui confirme à basse fréquence les observations de LOFAR. L’animation ci-dessous montre les émissions d’un satellite Starlink défilant dans le champ de vision de NenuFAR. Leur puissance et leur vitesse de défilement affecteront tout particulièrement l’observation des sursauts et des phénomènes transitoires rapides provenant de nombreuses sources astrophysiques telles que les exoplanètes, les novae, etc.

Les auteurs de l'étude souhaitent que leurs mesures permettent d’assister les opérateurs afin d’identifier les causes de leurs UEMR. 

  • 1LOFAR est le plus grand et le plus sensible radiotélescope observant les plus basses fréquences accessibles depuis le sol, de 10 à 240 MHz.

Le passage d’un satellite Starlink dans le champ de vision de NenuFAR. La position tabulée du satellite est marquée par un cercle rouge, ainsi que celle d’autres satellites à plus haute altitude. © Xiang Zhang, LESIA, Observatoire de Paris-PSL, CNRS

Laboratoire CNRS impliqué

  • Laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en astrophysique (LESIA - Observatoire de Paris - PSL) 

Tutelles : CNRS / Observatoire de Paris - PSL / Sorbonne Univ / Univ Paris Cité 

Contact

Xiang Zhang
Chercheur CNRS au Laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en astrophysique (LESIA - Observatoire de Paris - PSL)
Philippe Zarka
Chercheur CNRS au Laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en astrophysique (LESIA - Observatoire de Paris - PSL)
Ivan Thomas
Chercheur à l'Observatoire radioastronomique de Nançay, responsable de la gestion des fréquences pour la radioastronomie en France
Stéphane Corbel
Enseignant chercheur de l'Université Paris Cité au laboratoire Astrophysique, Instrumentation, Modélisation (AIM), directeur de Observatoire Radioastronomique de Nançay (ORN).
Chiara Ferrari
Enseignante chercheuse de l'Observatoire de la Côte d'Azur au Laboratoire Joseph-Louis Lagrange (LAGRANGE - OCA), membre du conseil de l’ERIC LOFAR
Michel Tagger
Directeur de recherche CNRS, membre du conseil de l’ERIC LOFAR