Les prairies sont essentielles pour réduire l'impact des incendies sur le bilan global du carbone

Résultat scientifique Terre Solide

Les incendies provoquent des dégâts considérables lors de leur passage dans les écosystèmes avec des impacts notamment sur le cycle du carbone. Cependant, peu de carbone est définitivement perdu, car la végétation se rétablit en quelques décennies. Pour comprendre si les incendies représentent une source ou un puits de carbone, il faut prendre en compte l'ensemble des flux (directs et indirects) induit par les feux.

Les pertes de carbone sont liées à l'augmentation de la fréquence des feux et la mortalité de la végétation, la diminution de la couverture végétale et l’érosion. Les gains correspondent à la formation de carbone pyrogénique, issu de la carbonisation de la biomasse végétale par le feu. Cette matière organique est très peu décomposable par les micro-organismes, et persiste longtemps dans l’environnement.

Des scientifiques ont cherché à déterminer ces gains et pertes indirects, en les simulant à l'aide d’un modèle de surface.  Ils ont constaté que les pertes l'emportaient clairement dans les forêts et augmentaient lorsque la végétation était peu adaptée au feu. En revanche, dans les prairies et les savanes (80 % des terres touchées par les feux), qui sont des écosystèmes adaptés aux feux naturels, les pertes et les gains de carbone pourraient se compenser allant même, sous certaines hypothèses, à entraîner des gains nets de carbone notamment grâce à la production de carbone pyrogénique.

Cependant, ces résultats souffrent encore d'incertitudes car, comme l’explique S.Abiven « la dégradation du carbone pyrogénique n’est pas assez bien comprise pour être parfaitement modélisée, nous ne pouvons donc pas dire clairement si les incendies ont un bilan positif ou négatif sur le cycle du carbone. Si nous supposons la neutralité, la persistance moyenne de ce carbone serait d'environ 5 000 ans, soit cent fois celle de la matière organique du sol.

Cette étude ne dit pas que les incendies sont 'bons' pour le climat. ». L’étude montre qu'à l'échelle planétaire, l'évolution de la végétation avec le feu peut avoir entraîné des processus garantissant un bilan carbone des incendies proche de zéro, ce qui serait tout à fait remarquable.

Feux de savane en Afrique centrale. Programme EXPRESSO © Dominique SERCA/CNRS Photothèque

Pour en savoir plus

Bowring, S.P.K., Jones, M.W., Ciais, P. et al. Pyrogenic carbon decomposition critical to resolving fire’s role in the Earth system. Nat. Geosci. 15, 135–142 (2022).

Contact

Samuel Abiven
Laboratoire de géologie de l'Ecole Normale Supérieure (LGENS/CNRS)