L’empreinte carbone des infrastructures de recherche défie la responsabilité environnementale des laboratoires INSU
Pour limiter le réchauffement de la planète à moins de 2°C, il est nécessaire de réduire radicalement les émissions actuelles de gaz à effet de serre (GES). Les scientifiques devraient également participer à cet effort dans le cadre de leur activité professionnelle, en particulier les spécialistes des sciences de la Terre et de l’environnement, afin de préserver leur crédibilité et de montrer l'exemple. Pour cela il faut des estimations détaillées des émissions de GES associées aux activités des scientifiques, ici mesurée par l'empreinte carbone des laboratoires. En particulier l’empreinte des grandes infrastructures de recherche internationales (satellites, navires scientifiques, etc) avaient été jusqu’à présent peu étudiés.
Dans cette étude des scientifiques du CNRS Terre & Univers et du CNRS Sciences humaines et sociales (voir encadré), ont estimé l’empreinte carbone de laboratoire en Sciences de la Terre et de l’Univers entre 10 et 30 tonnes d'équivalent CO2 par employés (tCO2e/p), dominées par l’usage des infrastructures de recherche, notamment les satellites, dans plusieurs cas. Les voyages en avion et les achats de matériels figurent aussi dans les trois premières sources d’émissions dans tous les cas (2 - 4 tCO2e/p chacun). En comparaison, un laboratoire d’environnement utilisant peu d’infrastructures à une empreinte de 6 tCO2e/p.
Ils ont analysé en détail les activités (listes de missions, listes d’achat) de 6 laboratoires de l’Observatoire Midi-Pyrénées en 2019, en suivant les méthodologies développées par Labos 1.5, ainsi que développé une nouvelle méthodologie pour estimer l’empreinte carbone associé à l’usage de satellite ou d’autres infrastructures de recherche.
Ainsi, les mesures de réduction ignorant les infrastructures pourraient ne pas être en mesure d'atteindre des réductions supérieures de 20 à 35 %, même avec des quotas de vol et une réduction substantielle des achats, ce qui appelle à aussi repenser le déploiement de nouvelles infrastructures. L'étude expose aussi de possibles évolutions des pratiques scientifiques, en terme de collaboration, financement et implications sociétales pouvant aussi réduire l’empreinte carbone.
Laboratoires CNRS impliqués
Implication du CNRS Terre & Univers :
Laboratoire Géosciences environnement Toulouse (GET - OMP)
Tutelles : CNRS / CNES / IRD / UT3 Paul Sabatier
Laboratoire d'Etudes en Géophysique et Océanographie Spatiales (LEGOS - OMP)
Tutelles : CNES / CNRS / IRD / Univ. Toulouse Paul Sabatier
Centre d’études spatiales de la biosphère (CESBIO - OMP)
Tutelles : Université Toulouse III - Paul Sabatier / CNRS / IRD / CNES
Laboratoire d'aérologie (LAERO - OMP)
Tutelles : CNRS / Univ Toulouse Paul Sabatier
Laboratoire CNRS Sciences humaines & sociales :
- Laboratoire Géographie-cités
Tutelles : CNRS / EHESS / Univ Panthéon-Sorbonne / Univ Paris Cité
Laboratoire CNRS Ecologie et Environnement :
Centre de Recherche sur la Biodiversité et l'Environnement (CRBE)
Tutelles : CNRS / IRD / TOULOUSE INP / UNIV TOULOUSE PAUL SABATIER
Pour en savoir plus
Marc O, Barret M, Biancamaria S, Dassas K, Firmin A, et al. (2024) Comprehensive carbon footprint of Earth, environmental and space science laboratories: Implications for sustainable scientific practice. PLOS Sustainability and Transformation 3(10): e0000135.