L'écosystème urbain : quelles adaptations locales face au changement global ?
Dans l’écosystème urbain, le sol urbain est un compartiment essentiel d’interface entre l’air, l’eau et le sous-sol, encore insuffisamment connu. Il assure une diversité de fonctions : infiltration des eaux pluviales, filtration et dégradation partielle de polluants, réserve de biodiversité, support pour la production de biomasse pour une agriculture urbaine et péri-urbaine, … C’est ce que l’on résume sous le terme de « multifonctionnalité » des sols.
Auteurs
Béatrice Béchet (IFSTTAR, LEE-IRSTV-OSUNA), Thierry Lebeau (Université de Nantes, LPG-IRSTV-OSUNA)
A Nantes, afin de répondre à la forte demande de parcelles de jardins associatifs, les acteurs de la recherche appuient la collectivité pour optimiser la gestion des sols, notamment ceux aptes à une production alimentaire, bien que touchés par des pollutions. Ainsi, une expérimentation sur une parcelle modérément contaminée au plomb a démontré qu’il était possible de cultiver des légumes consommables en association avec des plantes « dépolluantes ». Cette expérimentation de science participative a ouvert le débat sur la question du risque associé à la culture sur sols pollués, et sur la durée de la dépollution, sur des temps longs, impliquant la phytoremédiation. Plus globalement, optimiser les usages du sol urbain est une des adaptations proposées, pour agir localement, face au changement global.
La ville, écosystème singulier profondément perturbé par l'action de l'Homme, présente des caractéristiques propres aux espaces urbanisés : forte densité de population, sols remaniés et imperméabilisés, eaux canalisées, mais aussi températures plus élevées, encore accentuées par les îlots de chaleur, luminosité et bruit permanents, pollutions… Des caractéristiques qui contribuent à dégrader la qualité de vie des citadins et à faire de la durabilité des villes un enjeu majeur du 21ème siècle.
Face à certaines de ces contraintes, des villes plus vertes peuvent apporter des solutions, répondant en même temps à la demande sociétale de plus de nature en ville. Le développement des espaces végétalisés, couplé à une réflexion sur les formes urbaines et les matériaux de construction, peut ainsi contribuer à répondre aux enjeux de préservation et de réhabilitation de la biodiversité et de l’environnement urbain, sans oublier l’esthétique paysagère qu’apporte le végétal. Au-delà du simple service de support des bâtiments et infrastructures, les sols dés-imperméabilisés contribuent quant à eux à la gestion alternative des eaux pluviales pour un cycle de l'eau plus naturel. Agir sur les îlots de chaleur urbains, réduire la pollution de l’air, de l’eau et des sols, façonner des corridors écologiques pour reconnecter la ville aux espaces péri-urbains et augmenter la biodiversité urbaine, tout en améliorant le bien-être des citadins, sont autant de solutions qui contribuent à rendre la ville plus durable et habitable, et plus adaptable aux effets du changement climatique.
Ainsi un regard moins technologique, et plus écosystémique, sur des pas de temps plus longs, se développe pour tendre vers une ville durable.
Remerciements
Chloé Besnard (OSUNA), Fabrice Rodriguez (IFSTTAR, LEE-IRSTV-OSUNA)