L’échouage des sargasses dans les Caraïbes : des images satellite aux Vibrio de leurs microbiomes

Résultat scientifique Océan Atmosphère

Depuis 2011, des échouages importants de sargasses pélagiques sont observés dans tout le bassin caribéen, sur les côtes de la Guyane, du Brésil, du golfe du Mexique et de l’Afrique de l’Ouest. Les immenses quantités échouées, estimées entre 20 000 à 40 000 tonnes de matière sèche par an pour le seul littoral guadeloupéen, ont un impact environnemental, économique et sociétal majeur sur les écosystèmes et les populations humaines des zones concernées.

Ces espèces de sargasses ont la particularité d’être des algues pélagiques durant tout leur cycle de vie. C’est une singularité au sein du genre et une originalité géographique puisqu’on ne les rencontre que dans l’océan Atlantique. Elles forment des radeaux, des filaments ou des individus épars qui ne se rencontrait auparavant que dans l’Atlantique Nord. Cependant, depuis 2011, elles sont également détectées en grande quantité dans la partie centrale de l’Atlantique par des images satellitaires. Ces algues abritent un biofilm conséquent dont la composition était jusqu’à présent peu connue.

Un échantillonnage transatlantique a été effectué en 2017 en se dirigeant vers les radeaux grâce à l’imagerie spatiale. En combinant des mesures in situ, l’analyse de la diversité des microbiomes associés aux sargasses pélagiques, la modélisation des mouvements lagrangiens des radeaux et la modélisation de l’état physiologique de ces algues dans les jours précédant leur collecte, les chercheurs de l’Institut méditerranéen d’océanologie (MIO/PYTHÉAS, AMU / CNRS / IRD/ UTLN) ont montré que les biofilms associés aux sargasses pouvaient contenir une forte proportion de Vibrio, bactérie halophile - aquatique vivant dans l’eau, jusqu’à 56 fois celle trouvée dans l’eau de mer. Les séquences détectées étaient proches de celles de souches connues pour être pathogènes. Les plus fortes proportions de Vibrio au sein du biofilm étaient corrélées avec les plus fortes croissances algales modélisées, ce qui suggère que l’augmentation des concentrations des éléments nutritifs dans l’océan Atlantique pourrait accroître le risque sanitaire de ces radeaux.

En savoir plus

In situ observations and modelling revealed environmental factors favouring occurrence of Vibrio in microbiome of the pelagic Sargassum responsible for strandings. (2020) Michotey, V., Blanfuné, A., Chevalier, C., Garel, M., Diaz,F., Berline, L., Le Grand, L ., Armougom, F., Guasco, S., Ruitton, S., Changeux, T., Belloni, B., Blanchot, J., Ménard, F., Thibaut, T. Science of Total Environnement. https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2020.141216

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