Enrichissement en radon dans le panache volcanique de l'Etna
Souvent mesuré dans les fumeroles et les sols volcaniques, le radon – gaz radioactif issu de la désintégration de l’uranium – n’avait jamais pu être mesuré dans les gaz volcaniques primaires du fait de la difficulté à le prélever et de sa courte période radioactive. C’est désormais chose faite grâce aux travaux de chercheurs clermontois et italiens. En équipant pendant plus de 5 mois le sommet de l’Etna d’un dispositif inédit composé de 70 dosimètres passifs, ils ont pu dresser la première cartographie de l’émanation de radon autour du cratère central du volcan sicilien, le plus actif d’Europe.
En plus du dégazage préférentiel du radon à travers le sol dans les zones fortement hydrothermalisées et/ou fracturées, leur étude montre de très forts enrichissements en radon dans les zones du sommet exposées au vent dominant, et donc au panache gazeux émis en continu par les cratères actifs. C’est la première fois que la teneur en radon des gaz primaires est ainsi déterminée, mettant en évidence des activités en radon jusqu’à 550 Bq/m3. Outre l’impact potentiel sur l’environnement et la santé de tels niveaux de radioactivité naturelle, la connaissance des activités en radon dans les gaz volcaniques ouvre la porte à de futures études en géochimie des gaz. L’objectif : mieux comprendre les processus magmatiques superficiels avant éruption, ainsi que les échelles de temps caractéristiques du dégazage. En outre, cette étude montre de manière inédite que l’activité du radon dans le panache gazeux de l’Etna est susceptible de varier en fonction de l’intensité éruptive du volcan. Un premier pas vers l’utilisation du radon mesuré dans l’air comme signal précurseur d’éruption ?
En savoir plus
Radon Activity in Volcanic Gases of Mt. Etna by Passive Dosimetry, J. Geophys. Res. Solid Earth, 125
Terray L., P.J. Gauthier, V. Breton, S. Giammanco, O. Sigmarsson, G. Salerno, T. Caltabiano et A. Falvard