Des opérations scientifiques inédites dans la dernière zone de glace grâce au programme Refuge-Arctic

Campagne Océan Atmosphère

Le programme de recherche international et multidisciplinaire Refuge-Arctic1  étudiera les eaux du détroit de Nares et la région de Tuvaijuittuq (Nunavut, Canada), aussi nommée dernière zone de glace. Des opérations scientifiques inédites dans ces régions fragiles aux changements climatiques et peu étudiées sont prévues sur un total de 56 jours en mer. La deuxième partie des opérations sera lancée ce jeudi 5 septembre à bord du brise-glace de recherche canadien, le NGCC Amundsen2L’objectif est de mieux comprendre la façon dont le changement global influence l'écosystème et les cycles biogéochimiques de l'océan Arctique. 

  • 1Ce programme de recherche est possible grâce au soutien financier et logistique du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) via le LEFE et la MITI, du Centre National d'Étude Spatiale (CNES), de la Fondation BNP Paribas, de Sentinelle Nord, d'ArcticNet, d'Amundsen Science, de la Flotte Océanographique Française (FOF), de l'Institut Polaire Français Paul-Émile Victor (IPEV), du ministère des Pêches et des Océans (MPO), du ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord (RCAANC) et du Conseil Européen de la Recherche (ERC).
  • 2Amundsen Science est responsable de la gestion du mandat scientifique du NGCC Amundsen, l’unique brise-glace canadien dédié à la recherche. Chaque année, Amundsen Science soutient la mise en oeuvre de programmes de recherche novateurs et multidisciplinaires qui étudient certains des défis les plus pressants de notre époque. Notre organisation s’engage à offrir un accès équitable au brise-glace de recherche, à son parc d’équipements scientifiques de pointe et à ses vastes ensembles de données.

« La région de Tuvaijuittuq est l'une des meilleures sentinelles des processus qui affectent l'océan aujourd'hui, dans un contexte de changement global : perte de la glace de mer, modification du cycle de l'eau, fonte du pergélisol, acidification, pollution et évolution de la biodiversité », souligne Mathieu Ardyna, professeur au laboratoire international de recherche Takuvik, issu d'un partenariat entre l'Université Laval et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), qui mène le programme REFUGE-ARCTIC.

Plus de 55 scientifiques issus de 21 laboratoires français et de 10 laboratoires internationaux participent aux opérations scientifiques. Au cours du premier segment de l’expédition Amundsen 2024, débuté le 8 août, les équipes documenteront plus de sept fjords dans le détroit de Nares. Les caractéristiques des glaciers massifs présents dans ces fjords, qui forment un véritable continuum entre la terre et l'océan, seront étudiées en détail. Le passé de ces glaciers sera aussi observé à l’aide de carottages sédimentaires réalisés près de ceux-ci.

© Karen Nieto

Le deuxième segment, débutant le 5 septembre, mènera le NGCC Amundsen vers le nord, en direction de la mer de Lincoln et de la région de Tuvaijuittuq. Les différents types de glace de mer, soit pluriannuelle et de première année, seront analysés afin de caractériser leurs propriétés physiques, leurs cycles biogéochimiques et leurs écosystèmes.

Par la suite, les scientifiques retourneront dans leurs laboratoires respectifs pour analyser des échantillons, dont ceux de l’Université Laval. « Cet effort sans précédent contribuera à renforcer la conservation de cette région fragile en aidant à pérenniser les aires marines protégées Tuvaijuittuq et Pikialasorsuaq, et permettra au grand public et aux jeunes générations de découvrir l'importance, l'unicité et le rôle mondial de ces environnements fascinants et menacés », souligne Mathieu Ardyna.

Une région au fort héritage écologique

Située à la pointe nord du continent américain, Tuvaijuittuq est l'une des régions les moins explorées et les moins connues de l'océan mondial. Elle abrite avant tout la glace de mer la plus ancienne, qui risque de disparaître dans les prochaines décennies.

La couverture de glace de mer pérenne de la région de Tuvaijuittuq représente un héritage écologique de la dernière période interglaciaire. Bien qu'il s'agisse de l'une des régions océaniques les plus froides, cet environnement marin unique pourrait être une oasis pour la faune endémique de l'Arctique.

Pour en savoir plus

Contact

Mathieu Ardyna
Chercheur CNRS au Laboratoire International de Recherche Takuvik (Canada)