Crise sismique dans la région de Santorin, les scientifiques se mobilisent

Décryptage Terre Solide

En réponse à l’activité sismique ressentie depuis le 27 janvier 2025  dans la région de Santorin, dans les Cyclades (Grèce), la communauté scientifique, notamment au sein des laboratoires du CNRS, se mobilise pour affiner notre compréhension du phénomène et de ses origines et la modélisation des scénarios envisagés dans les semaines et mois à venir.

Un essaim sismique (c’est-à-dire une série de séismes habituellement de relativement faible intensité se poursuivant sur une période de plusieurs jours) est actuellement en cours entre les îles grecques de Santorin et d’Amorgos, dans la mer Egée. Depuis début février, certains de ces séismes sont suffisamment puissants (magnitude entre 4 et 5) pour être ressentis par la population. Les autorités ont appelé les habitants de l’île de Santorin à la vigilance face à cette situation exceptionnelle (fermeture des écoles, grands rassemblements interdits…), conduisant à un départ massif vers le continent.

Cette région, l’archipel grec des Cyclades, résulte de la convergence des plaques tectoniques africaine, eurasienne et anatolienne dont les mouvements de subduction les unes par rapport aux autres induisent une activité sismique et volcanique importante et régulièrement documentée au cours de l’histoire. L’île de Santorin est une île volcanique ayant notamment produit une éruption cataclysmique vers 1610 avant notre ère. Le Kolumbo, volcan actif sous-marin est rentré en éruption en 1650 AD, il est situé à dix kilomètres au nord-est de Santorin et en 1956 un séisme de magnitude 7.7 dans la région d’Amorgos a provoqué un tsunami en Méditerranée dont les vagues ont atteint 20 mètres de haut.

La crise sismique actuelle est donc suivie avec attention par la communauté scientifique internationale. La localisation préliminaire des signaux sismiques semble indiquer une origine tectonique, c’est-à-dire des mouvements le long de la faille d’Amorgos déjà connue et historiquement active, orientée sud-ouest – nord-est entre Santorin et Amorgos. Mais l’analyse des signaux géodésiques montre également un gonflement de la zone avec une propagation depuis l’île de Santorin en direction de l’essaim sismique, phénomène qui pourrait aussi résulter de mouvements de magma en profondeur, dans un contexte d’extension de la plaque eurasienne. Un tel phénomène avait déjà été observé dans la même région des Cyclades entre 2011 et 2012, sans que cela n’aboutisse à une activité volcanique en surface.

La communauté scientifique française se mobilise, en lien étroit avec les géologues et géophysiciens grecs et internationaux, pour tenter d’anticiper les scénarios possibles de poursuite de cette activité. En analysant plus finement toutes les données déjà collectées et en allant déployer de nouveaux instruments en particulier des GPS et des sismomètres de fond de mer (OBS), les scientifiques espèrent mieux contraindre la localisation des séismes en profondeur, étudier et suivre leur migration latérale et verticale pour en déduire l’origine du phénomène et essayer d’anticiper les conséquences que pourraient avoir un séisme plus important ou une éruption volcanique dans la région.
 

Localisation des failles régionales et de la sismicité entre le 26 janvier et le 3 février 2025 entre les îles de Santorin et d'Amorgos, en mer Egée. (© F. Leclerc, Géoazur)