Pluie à la station antarctique Dumont d'Urville, 1er janvier 2014. Cet évènement de pluie est partiellement responsable de l’échec de la saison de reproduction de la colonie de manchots Adélie. © Bruno et Nicolas Jourdain, UGA/IPEV/CNRS

Combien pleut-il et pleuvra-t-il sur les glaces de l’Antarctique ?

Résultat scientifique Océan Atmosphère

La grande majorité des précipitations que reçoit la calotte Antarctique est sous forme de neige. La pluie y est rare mais lorsqu’elle survient, elle peut avoir de lourdes conséquences. Elle est par exemple susceptible de provoquer la mort des poussins des manchots, dont les plumes ne sont pas imperméables à l’eau liquide. Elle favorise également la fonte du manteau neigeux, ce qui peut entraîner des variations de la masse de la calotte et, in fine, une montée globale du niveau des mers. Pour mieux évaluer et anticiper ces phénomènes, il est ainsi nécessaire que nous connaissions la quantité mais aussi la phase des précipitations que reçoit la calotte Antarctique.

C’est le travail entrepris par une équipe de recherche du LMD, de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne et de l’Université d’Aveiro. Leur étude est la première à s’intéresser à la caractérisation des évènements de pluie à l’échelle de l’Antarctique. Pour ce faire, ils ont combiné des rapports d’observation météorologique provenant de dix stations de recherche et remontant jusqu’à 50 ans en arrière, et des produits de réanalyse météorologique. L’analyse de scénarios réalisés à partir de plusieurs modèles de climat leur a permis en outre de prévoir l’évolution future de la quantité et de l’intensité des pluies sur l’inlandsis.

Ces travaux montrent que la pluie tombe jusqu'à 4 jours par an sur la majeure partie des côtes de l'Antarctique de l’est, et plus de 50 jours par an sur le nord-ouest de la Péninsule antarctique. Sur les dernières décennies, aucune tendance très marquée n'apparaît, excepté sur la Péninsule antarctique. Les jours de pluie y ont été de plus en plus fréquents jusqu'en 1998, avant que leur nombre ne décroisse significativement jusqu’en 2015, du fait de la variabilité naturelle du climat. Cependant, si les gaz à effet de serre continuent d'être libérés à un niveau élevé, les quantités de pluie augmenteront de 240 % en moyenne sur le continent d’ici à 2100. Les côtes et la Péninsule recevront des pluies plus fréquentes et plus intenses, et les grandes plateformes glaciaires deviendront plus vulnérables à des évènements de fonte intense amplifiée par la pluie.

Carte du nombre de jours de pluie par an (moyenne entre 1979 et 2017). Les histogrammes montrent les distributions mensuelles de nombre de jours de pluie (bleu sombre) et de bruine (bleu clair) observés à 10 stations antarctiques. © Vignon et al. 2021, GRL/AGU

En savoir plus

Present and future of rainfall in Antarctica – Geophysical Research Letters (2021)

É. Vignon, M.‐L. Roussel, I. V. Gorodetskaya, C. Genthon et A. Berne

https://doi.org/10.1029/2020GL092281

Contact

Étienne Vignon
Laboratoire de Météorologie Dynamique (LMD)