Augmentation des précipitations intenses dans les Alpes au cours du dernier siècle

Résultat scientifique Océan Atmosphère

Les tendances de précipitations dans les Alpes ont été étudiées par une équipe de chercheurs1 , en confrontant les sorties du modèle atmosphérique régional MAR (https://mar.cnrs.fr/) avec des observations météorologiques locales sur la période 1903-2010.

L’augmentation des précipitations avec l’altitude a été estimée, en moyenne sur les Alpes, à 38 % km-1 en hiver et 33 % km-1 en été, avec toutefois de fortes disparités spatiales. Une diminution marquée des précipitations a été mise en évidence dans les plaines situées au sud des Alpes, atteignant -20 à -50 % sur la période 1903-2010, un assèchement dû à une baisse du nombre de jours de pluie au printemps et en été. En montagne sur la partie nord-ouest des Alpes, une augmentation de 20 à 40 % des cumuls de précipitations hivernales a été relevée sur la période 1903-2010. Cette tendance positive est modulée par une forte variabilité décennale, qui a généré une tendance négative depuis les années 60. La moyenne sur la période 1903-2010 du maximum annuel de précipitations journalières varie entre 30 et 100 mm par jour sur l’arc alpin. Cet indice, souvent utilisé pour l’étude des pluies extrêmes, s’est intensifié de 20 à 40 % sur la période 1903-2010 dans la majeure partie des Alpes. Ces résultats montrent que des séries d’une durée minimum de 50 à 80 ans sont nécessaires pour calculer des tendances qui émergent de la forte variabilité interannuelle de cet indice. On relève en outre une accélération de l’augmentation des précipitations intenses au cours des dernières décennies.

Illustration scientifique
Simulation MAR (fond de carte) et observations locales (données MeteoSwiss) de la moyenne du maximum annuel de précipitations sur la période 1971-2008 (a) et de sa tendance sur la période 1903-2010 (b). Les courbes de niveau (espacées de 500 m) apparaissent en trait noir fin et les frontières nationales en pointillés gras.


Ces travaux confirment que l’étude du climat ainsi que la mise en évidence d’événements climatiques susceptibles d’avoir de forts impacts socio-environnementaux nécessitent de disposer de données météorologiques couvrant de longues périodes.

Cette étude s’inscrit dans TRAJECTORIES, un projet visant à étudier les trajectoires socio-environnementales dans les Alpes.

  • 1issus de l’Institut des géosciences de l’environnement (IGE/OSUG, CNRS / IRD / UGA / Grenoble INP), du Centre national de recherches météorologiques (CNRM, CNRS / Météo-France) et de l’Université de Liège (Belgique)

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Martin Menegoz
IGE/OSUG