Ce schéma représente trois modèles de croûte océaniques possible, testés par le projet SloMo. A gauche les profondeurs à atteindre lors des trois phases du projet. La figure de gauche propose que le Moho sismique représente la transition entre du manteau serpentinisé (altéré par l'eau de mer) et du manteau non altéré (péridotites). Le modèle de droite propose que le Moho soit la limite entre la croûte formée de multiples intrusions de gabbros plus ou moins primitifs (jaune a rouge), et le manteau périd[...]
Ce schéma représente trois modèles de croûte océaniques possible, testés par le projet SloMo. A gauche les profondeurs à atteindre lors des trois phases du projet. La figure de gauche propose que le Moho sismique représente la transition entre du man[...]

Atteindre le Moho de la dorsale Sud-Ouest Indienne

Terre Solide

Une équipe de scientifiques de renommée internationale en géosciences et microbiologie a embarqué début décembre pour l'Océan Indien, sur le navire océanographique JOIDES Resolution. Il s'agit de mener à bien l'Expedition 360 de l'International Ocean Discovery Program (IODP), à laquelle participent trois chercheurs français du CRPG de Nancy (CNRS, Université de Lorraine) et de Géosciences Montpellier (CNRS, Université de Montpellier), ainsi qu'une enseigante du second degrés pour l'information des scolaires.


L'objectif est de forer, en plusieurs étapes et plusieurs missions, le plus profond puits de forage scientifique jamais réalisé dans la croûte océanique. Avec l'équipage, les techniciens et le matériel de l'International Ocean Discovery Program, les scientifiques sont pour deux mois en mission sur la dorsale sud-ouest indienne, au sud de la Réunion. Le lieu précis du forage est l'Atlantis Bank, une structure océanique ou la tectonique a permis la mise à l’affleurement des gabbros de la croûte océanique, et où le Moho est situé à environ 5 km de profondeur. La première phase du projet Slomo, dont cette expédition est la première étape, a pour objectif d’atteindre 3 km de profondeur en forant avec le JOIDES Resolution. Si les résultats de cette première phase sont conformes aux attentes, le navire de forage japonais Chikyu, plus performant pour forer à très grande profondeur, sera sollicité pour une deuxième phase. Si les résultats de cette première mission sont conformes aux attentes, le navire océanographique japonais Chikyu plus performant pour forer à très grande profondeur


Dans cette partie de l'océan indien, la dorsale, s'ouvre très lentement (~1 cm par an) et montre une géométrie asymétrique particulière qui permettrait d'atteindre le fameux Moho et peut-être de remettre en question son interprétation classique! Le postulat est que la discontinuité sismique de Mohorovicic (plus communément appelée Moho) représente sur l’ensemble du globe la limite entre le manteau et la croûte. Néanmoins une hypothèse alternative est de plus en plus considérée par les scientifiques : les modifications du signal sismique au niveau du Moho sous certains océans pourraient plutôt enregistrer la limite entre les roches du manteau (péridotites) et leurs produits d’altération par l’eau de mer (les serpentinites).

Ce schéma représente trois modèles de croûte océaniques possible, testés par le projet SloMo. A gauche les profondeurs à atteindre lors des trois phases du projet. La figure de gauche propose que le Moho sismique représente la transition entre du manteau serpentinisé (altéré par l'eau de mer) et du manteau non altéré (péridotites). Le modèle de droite propose que le Moho soit la limite entre la croûte formée de multiples intrusions de gabbros plus ou moins primitifs (jaune a rouge), et le manteau péridotitique. La figure du millieu montre un modèle intermédiaire.© Expédition IODP 360

Les formes de vie bactérienne seront aussi recherchées dans les roches de la croûte océanique. Elles renseignent sur la vie en milieux extrême et sur le lien entre altération des roches et nutrition des microorganismes vivants.

Les microbiologistes, géochimistes, géophysiciens, paléomagnéticiens, pétrologues, géologues structuraux, prévoient d'ores et déjà leurs collaborations post-campagne pour résoudre certaines des grandes questions scientifiques subsistant en géosciences tout en utilisant au mieux les données et échantillons collectés.

Participants français

Lyderic France - CRPG de Nancy

Benoît Ildefonse et Carlotta Ferrando - Géosciences Montpellier

Marion Burgio - Enseignante du second degré