Antarctique : la contribution du retrait des glaciers à la montée du niveau des mers mieux évaluée
Les modèles actuels ne prennent pas correctement en compte certains processus comme le possible effondrement d’une partie de la calotte glaciaire en Antarctique. Cette instabilité avait d’ailleurs été identifiée par le 5e rapport du GIEC comme une incertitude majeure pour les projections du niveau des mers. Pour y remédier, des chercheurs du Laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement (LGGE/OSUG, CNRS / UJF) et leurs collègues britanniques ont élaboré un modèle capable de prédire les conséquences de ce processus, qui peut provoquer une rapide perte de masse des glaciers. En confrontant ce modèle aux observations, ils ont montré que, sous l'hypothèse de scénarii climatiques moyen à fort(1), l'effondrement de l’Antarctique participerait à la montée du niveau des mers avec une contribution la plus vraisemblable de 10 cm en 2100. Selon leurs estimations, il y aurait un risque sur vingt que ce retrait contribue à plus de 30 cm de la montée du niveau des mers en 2100 et à plus de 72 cm en 2200. Même si ces résultats n’excluent pas pour autant des contributions plus importantes à plus longue échéance, ils indiquent que la montée des eaux due à l’effondrement de l’Antarctique sera probablement plus lente que ne le suggéraient les précédentes projections. Publiés le 19 novembre dans la revue Nature, ces travaux confirment que le retrait des glaciers de l'Antarctique aura des répercussions importantes sur le niveau des mers au cours des deux prochains siècles.
Sources
Potential sea-level rise from Antarctic ice-sheet instability constrained by observations. Catherine Ritz, Tamsin L. Edwards, Gaël Durand, Antony J. Payne, Vincent Peyaud, and Richard C.A. Hindmarsh. Nature, 19 novembre 2015. DOI : 10.1038/nature16147
Notes
- Les scénarii climatiques sont élaborés par le GIEC et permettent de modéliser le climat futur. Ils sont basés sur quatre hypothèses différentes concernant la quantité de gaz à effet de serre qui sera émise dans les années à venir (période 2000-2100). Dans le cas présent les scénarios utilisés se basent sur une stabilisation ou une augmentation modérée des émissions des gaz à effet de serre.