La formation des continents n’est pas un processus continu
Souvent cités au nombre de cinq, parfois au nombre de six et pourtant au nombre de sept, les continents sont encore entourés de mystères. Ils constituent la partie émergée de la croûte continentale terrestre. Les continents ont des reliefs variés ainsi que des roches de composition et d’âges différents rendant leur étude complexe de par leur hétérogénéité.
Marion Garçon, chercheuse du CNRS au Laboratoire magmas et volcans (CNRS/IRD/Université Clermont Auvergne) a étudié une compilation de données regroupant des informations sur des roches sédimentaires âgées de 3,7 milliards d’années à nos jours. En se basant sur les mesures chimiques acquises depuis les années 1980, la chercheuse a apporté un regard nouveau sur l’enregistrement des roches sédimentaires. Grâce à cette nouvelle étude, elle a pu tirer deux conclusions qui remettent en cause certains modèles et théories sur la formation des continents.
Sa première conclusion est que les continents ont toujours été riches en silice. En effet, la silice constitue en moyenne 67 % de la masse des continents et n’est jamais descendue en dessous des 60% au cours de l’histoire de la Terre. Cette première découverte vient contredire les modèles disant que les continents étaient plutôt pauvres en silice et riches en fer et magnésium au début de l’histoire de la Terre.
Sa seconde découverte est que la formation des continents n’est pas un processus continu. Il y a eu six grands événements de croissance de la croûte continentale tous les 500-700 millions d’années sur les derniers 3,7 milliards d’années. Ces évènements ont permis aux continents de grossir pour atteindre la taille qu’ils ont aujourd’hui. Ils pourraient être liés aux cycles d’assemblage et de démantèlement des super continents comme la Pangée, le plus célèbre d’entre eux.
En effet, à travers les âges, les super continents ont connu des périodes de démantèlement et d’assemblage avec une récurrence proche de celles des six événements de croissance continentale découverts par cette étude. Aujourd’hui, aucune corrélation ne peut être faite entre ces événements, mais cela permet d’orienter de futures études. Les travaux de Marion Garçon éclairent d’un nouveau jour la composition et l’évolution des continents au cours du temps permettant d’affiner les modèles géologiques et ainsi ouvrir la voie à de nouvelles études.