Séismes dans le bassin aquitain
Depuis 1969, le bassin aquitain est régulièrement secoué par des tremblements de terre de faible intensité, inhabituels dans cette région considérée jusque-là comme asismique. Entre 1970 et 2000, des premières recherches ont permis d’établir un lien entre ces séismes et l’activité d’extraction du site d’exploitation de gaz installé dans la commune de Lacq. Depuis quelques années, une piste additionnelle est envisagée par les chercheurs : l’injection d’eaux usées dans les sous-sols, effectuée par cette même industrie.
C’est notamment l’occurrence, en Amérique du Nord, de nombreux séismes aux environs de puits injecteurs qui a alerté la communauté. Sur le site de Lacq, en 2016, un séisme de magnitude 4 se fait sentir à quelques kilomètres en aval d’un puits d'injection profond. Une équipe de chercheurs de l’Université de Grenoble-Alpes et de l’Université de Caen-Normandie a entrepris de réexaminer l’histoire sismique de la région, mettant en évidence le rôle de l'évacuation des eaux usées sur la sismicité de la région dans un contexte d'épuisement des réserves de gaz.
Leur étude montre que c’est la concomitance des activités d’extraction de gaz et d’injection d’eaux usées qui est la cause la plus probable de la sismicité à Lacq. Les volumes cumulés d’eau injectés à Lacq sous le réservoir de gaz – environ 10 millions de mètres cubes – sont du même ordre de grandeur que ceux qui ont déclenché des séismes sur différents sites mondiaux. Sur la base de ces cas mondiaux déjà répertoriés, on peut craindre des séismes de magnitude 5 : on change d’ordre de grandeur en termes de risque potentiel. Il est nécessaire que des études complémentaires soient menées.
En savoir plus
The longest seismic swarm triggered by fluid manipulations? Lacq, France, 1969-2016 – Bulletin of the Seismological Society of America (2021)
Jean-Robert Grasso, Daniel Amorese et Abror Karimov