Synthèse des résultats du Rapport d’évaluation du groupe de travail CNRS-INSU sur le séisme du Teil du 11 novembre 2019 et ses causes possibles
Un séisme de magnitude 5 s’est produit le 11 novembre 2019 aux environs du Teil, en Ardèche. Le séisme se manifeste à la surface par une rupture de faille d’environ 4 km de long, entre Le Teil et Saint-Thomé. En profondeur, vers 1 km, les décalages de faille atteignent 30 cm.
L’occurrence d’un séisme d’une telle magnitude en France métropolitaine, à si faible profondeur, associé à un nombre particulièrement faible de répliques, en font un séisme aux caractéristiques assez atypiques. Ces caractéristiques ont motivé le CNRS à former un comité d’experts afin de faire un point sur ce que la recherche et ses outils peuvent apporter comme éclairage sur ce séisme et ses causes possibles. Cette étude n’a pas pour but de donner un avis sur la reprise d’activité de la carrière du Teil ni d’évaluer le risque sismique sur les sites des centrales nucléaires (lire le communiqué).
Ce comité d’experts (géophysiciens, sismologues, géologues et modélisateurs) du CNRS et d’autres organismes et universités partenaires livrent dans le rapport ci-joint des premières conclusions.
Eléments penchant en faveur d’une cause naturelle
Certaines données indiquent un démarrage du séisme loin de la zone d’influence de la carrière.
Le sens de mouvement de la faille est compatible avec la déformation naturelle de la région. La sismicité dans un rayon de 30 km du Teil est faible à modérée, mais il y a déjà eu des séismes destructifs dans les derniers siècles.
Le fait que le séisme soit très superficiel n’est pas exceptionnel dans la région, où un essaim de micro-séismes très superficiels a déjà été documenté en 2002-2003.
Les forces relâchées par le séisme sont bien plus grandes que celles induites par la carrière.
La zone principale de mouvement sur la faille est en dehors de la zone d’influence de la carrière.
Eléments penchant en faveur d’une cause industrielle
Certaines données placent le point de démarrage du séisme très proche, voire 1 km au-dessous de la carrière du Teil.
La faille s’est activée essentiellement à moins de 1000 m de profondeur, alors que le plus souvent les séismes naturels se produisent à plusieurs kilomètres de profondeur.
L’extraction de roche de la carrière du Teil déforme la croûte et produit des forces dont les caractéristiques sont favorables à l’activation de la faille de La Rouvière, située à environ 1 km plus bas.
Au vu de ces éléments, l’hypothèse que l’activité de la carrière (extraction de roches) ait contribué à déclencher le séisme ne peut pas être écartée, mais ce sont certainement des forces naturelles qui ont déterminé sa magnitude et son impact.
Les effets sur le séisme du Teil des tirs de carrière et des infiltrations souterraines d’eau semblent peu probables au regard d’analyses préliminaires, mais restent à quantifier par des recherches plus approfondies. Le comité d’experts n’a pas été en mesure d’évaluer la probabilité d’un nouveau séisme de taille similaire, voire plus grande, dans la région. Toutefois, le séisme du Teil a pour le moment déclenché beaucoup moins d’activité sismique (répliques) qu’attendu.
Les membres du groupe de travail sont toujours à l’œuvre et leurs travaux permettront de mieux préciser les différents éléments présentés dans le rapport. En particulier, une meilleure précision et cohérence entres analyses de la localisation de l’épicentre du séisme est nécessaire pour déterminer s’il a démarré ou non dans la zone d’influence de la carrière.
Rapport de la mission d’expertise du CNRS
Pour en savoir plus, consultez le rapport de la mission d’expertise du CNRS